Depuis 2021, il est recommandé d’introduire les aliments réputés allergènes dès le début de la diversification alimentaire. Dalipo vous propose de
comprendre quels aliments allergènes introduire en priorité chez votre bébé.
Pour ça, on a choisi de donner la parole au Docteur Sabouraud, pédiatre spécialiste en allergologie au CHU de Reims.
DALIPO : Pourquoi introduire les aliments allergènes dès le début de la diversification alimentaire de bébé ?
Dr. SABOURAUD : Les allergies alimentaires augmentent chez les enfants. En particulier les allergies au lait de vache, à l’œuf, à l’arachide et aux fruits à coques. Ces allergies préoccupent beaucoup les pédiatres allergologues, car elles sont difficiles à prendre en charge.
Des études ont montré l’intérêt d’introduire les aliments allergéniques dès quatre à six mois dans l’alimentation avec le reste de la diversification alimentaire. Ces aliments dits « allergéniques » sont ceux qui peuvent donner des allergies alimentaires chez l’enfant.
Par la peau, l’enfant peut plus facilement développer une allergie. En touchant bébé après avoir touché l’arachide ou des fruits à coques on peut le sensibiliser. Au contraire, l’introduction précoce par la voie orale va permettre à votre enfant de tolérer l’aliment plutôt que de développer une allergie. C’est pour ça qu’il est important d’introduire tôt dans le régime de l’enfant les aliments présents dans le foyer.
J’en profite pour dire que commencer la diversification alimentaire à 4 mois n’empêche pas de continuer l’allaitement maternel. L’allaitement chez le nourrisson est très important. Si la maman peut allaiter jusqu’à quatre, six mois ou plus, c’est vraiment tout bénef pour elle et son bébé.
DALIPO :
Oeuf, arachide et fruits à coques : les aliments allergènes à introduire en priorité pour tous les bébés
Dr. SABOURAUD : L’œuf, l’arachide et les fruits à coques doivent être introduits dès 4 à 6 mois avec le reste de la diversification alimentaire. Cela, du fait de l’augmentation récente et préoccupante de ces allergies chez le petit enfant.
Pour l’œuf, on l’introduit d’abord sous forme bien cuite, qui le rend moins allergisant.
Si vous, les parents, aimez consommer l’arachide ou les fruits à coques par exemple lors d’apéritifs, il faut les introduire également.
Au niveau des fruits à coque, il semble important d’introduire précocement la noix de cajou et la noisette. On peut aussi introduire l’amande. Ces 3 fruits à coques sont parmi les plus courants dans notre alimentation, et permettent de couvrir la majorité des protéines allergènes des fruits à coques.
DALIPO :
Poisson, sésame, crustacés, mollusques : ces allergènes sont à introduire chez bébé en fonction des habitudes alimentaires de chacun
Dr. SABOURAUD: En ce qui concerne le poisson, c’est un aliment que nous avons l’habitude de manger et qui peut être une source de protéines et d’acides gras intéressante pour l’enfant. Il est donc introduit de manière classique avec le reste de la diversification alimentaire, accompagné de légumes.
Le sésame, historiquement peu présent dans les habitudes alimentaires en France, se démocratise. Avec l’augmentation de sa consommation en France, on observe une augmentation des cas d’allergie alimentaire au sésame y compris chez les enfants. Ainsi, si le sésame est présent dans l’alimentation de votre foyer, vous pouvez aussi l’introduire tôt dans le régime de votre enfant.
Les crustacés comme la crevette, et les mollusques comme les moules, sont rarement consommés par les nourrissons. Toutefois, si vous en mangez souvent, c’est certainement intéressant d’essayer de les introduire tôt également.
DALIPO :
Lupin, soja, moutarde, sulfites ? Ne pas confondre allergènes à introduire dans le régime de bébé avec la liste des 14 allergènes à déclaration obligatoire
Dr. SABOURAUD : Effectivement, le lupin, le soja, la moutarde et les sulfites font partie de la liste des allergènes à déclaration obligatoire. Cette liste comporte 14 allergènes en Europe. Elle impose aux fabricants de l’industrie agro-alimentaire de noter leur présence s’ils entrent dans la composition d’un produit. Cela permet au consommateur d’avoir une information claire sur ces 14 allergènes.
Le lupin est une légumineuse comme l’arachide, surtout consommée dans les pays du sud de l’Europe comme l’Espagne et le Portugal. L’allergie au lupin en France est très rarement isolée. C’est le plus souvent une allergie croisée avec l’arachide. C’est-à-dire qu’elle se développe à cause d’une protéine allergisante commune avec l’arachide. Si les parents en consomment souvent, celui-ci doit être introduit tôt dans le régime alimentaire de l’enfant.
Indépendamment du sujet des allergies, l’ANSES, agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation, déconseille le soja chez les enfants de moins de 3 ans. Pourquoi ? parce que le soja a une forte teneur en isoflavones, potentiels perturbateurs endocriniens.
En ce qui concerne la moutarde ou les sulfites, Il ne me semble pas pertinent d’essayer de les introduire chez le tout petit. En effet, les cas d’allergies sont beaucoup moins fréquents que pour l’arachide ou les fruits à coque. De plus, les sulfites ne sont pas un aliment à proprement parler et ne présentent aucun intérêt nutritionnel
Pour la moutarde comme pour tous les autres aliments, vous pouvez tout de même l’introduire dans le régime de votre enfant si vous en consommez très largement.
Bien d’autres aliments peuvent donner des réactions allergiques, même s’ils ne sont pas dans la liste des allergènes à déclaration obligatoire. Par exemple les petits pois, les lentilles, le pignon de pin, le lait de chèvre et brebis.
DALIPO :
Et le gluten ? Même si l’intolérance au gluten n’est pas une allergie alimentaire au sens strict, il faut l’introduire chez bébé comme tous les autres aliments
Dr. SABOURAUD : Le gluten doit être introduit précocement dans l’alimentation. Les allergies alimentaires IgE médiées sont rares, cependant l’intolérance au gluten, ou maladie cœliaque, est plus fréquente. Sa prévention passe aussi par une introduction précoce, d’autant plus qu’il est abondamment présent dans notre alimentation.
Interview à retrouver également ici.