Pourquoi introduire les textures, c’est important ?
Apprendre à bien mâcher fait partie de l’acquisition d’un comportement alimentaire sain. La période de diversification (entre 4 et 6 mois révolus pour débuter, puis introduction des textures vers 6–8 mois) est une fenêtre sensible : ce que bébé vit en bouche (lisse, granuleux, fondant, à croquer…) façonne ses capacités oro-motrices et ses capacités futures à accepter des aliments.
👉 Les données françaises récentes montrent :
- Varier tôt les textures (dès 6–8 mois, puis 8–10 mois) stimule la mastication et favorise l’acceptation des aliments solides.
- Retarder les morceaux (après ~10 mois) est associé à plus de refus et à une alimentation moins variée plus tard.
- La DME (diversification menée par l’enfant) n’est ni meilleure ni pire par principe : l’essentiel est la progression des textures dans un cadre sécurisé, quel que soit le mode choisi.
Faire évoluer les textures pas à pas : le guide en 4 étapes
L’enjeu est d’accompagner le bébé dans son évolution vers une alimentation par mastication. objectif : passer du « je suce et j’avale » au « je mâchonne puis je mâche », sans stress.
Etape 1 : le démarrage, entre 4 et 6 mois révolus, par la découverte des textures lisses.
- Entre 4 et 6 mois, l’enfant découvre les aliments uniquement sous forme de purées lisses.
- Les signes qu’il est prêt : il tient assis avec soutien, il ouvre la bouche, il avale sans repousser systématiquement.
Etape 2 : entre 6 et 8 mois, la texture s’épaissit et en douceur, le bébé apprend à gérer des grumeaux mous.
- Purées épaisses / légumes écrasés à la fourchette.
- Grumeaux mous « qui s’écrasent entre langue et palais ».
- Exemples : patate douce écrasée, carotte bien cuite très fondante, semoule bien hydratée, banane bien mûre écrasée.
Etape 3 : entre 8 et10 mois, le bébé apprend à mâchonner ses premiers morceaux fondants : premiers morceaux fondants
- Petits morceaux mous/collants + quignon de pain sous surveillance.
- Bébé mâchonne (mouvements verticaux) même sans dents : c’est normal.
- Attendu : le gag (haut-le-cœur) peut survenir → réflexe protecteur qui diminue avec l’exposition.
Etape 4 : Entre 10 et 12 mois, le bébé apprend à gérer des morceaux plus grands et plus fermes, mais toujours écrasables.
- Montée en taille et fermeté des morceaux, toujours écrasables.
- Introduction possible des doubles textures (ex. petits morceaux dans une base onctueuse).
Ensuite, jusqu’à environ 18 mois, l’enfant va gagner en confiance et en autonomie. Le comportement de succion va disparaître progressivement et la mastication va devenir plus systématique. A ce moment-là seulement, on pourra commencer l’introduction des morceaux crus/froids, en commençant par les plus faciles : ex. lamelles de concombre pelé très fin, pâtes « pennette » bien cuites.
Certains aliments comme les pâtes ou les légumes crus ne sont bien acceptés par >50 % des enfants qu’après ~15 mois. Alors pas de panique, on prend patience, et on continue de proposer à son bébé car ce sont les expositions qui favorisent l’apprentissage.
5 repères clé pour se lancer sans stress dans l’introduction des textures dès 6 mois !
- Pas besoin d’attendre les dents : les gencives font le job sur des textures adaptées.
- Régularité > quantité : un peu, souvent. Réexposer calmement si refus.
- Laisser toucher/manger avec les doigts : le tactile facilite l’acceptation en bouche.
- Différencier gag vs. étouffement : le gag est courant et protecteur ; on reste assis, face à vous, et on évite les formes à risque (petits ronds/durs).
- Adapter à l’enfant : chaque bébé avance à son rythme ; l’important est la progression entre 6 et 10 mois.
DME , purées, ou mixte ? Le bon choix, c’est celui qui respecte la progression
La DME (diversification menée par l’enfant, possible à partir de 6 mois révolus) peut fonctionner si les textures proposées sont suffisamment molles, écrasables langue-palais, avec surveillance constante

La voie « classique » (cuillère → écrasés → morceaux) est tout aussi valable si vous accélérez les textures entre 6 et 10 mois. Dans tous les cas : sécurité, assise stable, présence active d’un adulte, aliments à risque exclus (petits, durs, ronds : noix entières, raisins non coupés, crudités dures, popcorn, bonbons, etc.)
Introduction des textures : le mythe de « mon bébé va s’étouffer »
Beaucoup de parents redoutent que leur bébé s’étouffe lorsqu’il commence à manger des morceaux, et c’est tout à fait compréhensible. Pourtant, cette peur est souvent infondée. Lors de la diversification alimentaire, il est normal que le bébé ait un réflexe nauséeux (le fameux gag reflex), qui lui permet justement d’apprendre à gérer les textures et à mâchonner en sécurité. Ce réflexe protecteur provoque parfois des grimaces ou une toux impressionnante, mais il ne s’agit pas d’un étouffement.
L’étouffement, lui, est très rare lorsque certaines règles sont respectées : proposer des textures adaptées à l’âge (purées épaisses, morceaux mous, aliments écrasables entre la langue et le palais), installer son bébé assis bien droit et rester à ses côtés pendant le repas. Laisser son enfant découvrir les textures à son rythme, dès 6–8 mois, c’est lui donner les meilleures chances de développer une mastication efficace et une relation sereine à l’alimentation.
À retenir :
- Varier les textures dès 6–8 mois est une étape indispensable pour la mastication.
- Retarder les morceaux augmente le risque de refus plus tard.
- DME ou cuillère : peu importe, ce qui compte c’est la progression, en sécurité.
- Pas besoin de dents pour des morceaux mous.
Cet article s’appuie sur des travaux français récents et sur les recommandations nationales mises à jour en 2021 autour de la diversification et des textures. Il informe, il ne remplace pas l’avis de votre pédiatre.



