Les recommandations suggèrent de commencer la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois. Dalipo vous propose de mieux comprendre pourquoi : pour cela, nous avons sollicité le docteur Lemoine, pédiatre spécialisée en gastro-entérologie et allergologie à l’hôpital Trousseau à Paris.
DALIPO : Qu’est-ce que la diversification alimentaire ?
Dr. LEMOINE : La diversification alimentaire c’est le moment fatidique où l’enfant va manger des aliments autres que le lait pour la première fois. Cette diversification alimentaire permet au bébé de goûter des nouvelles saveurs et des nouvelles textures.
Toutefois, il est vraiment déconseillé d’introduire des aliments autres que le lait avant 4 mois. Non seulement il y a un risque important de fausses routes avant 3-4 mois parce que le développement psychomoteur du nourrisson ne lui permet pas encore de manger en sécurité. Mais en plus, une diversification alimentaire trop précoce peut entraîner une hypersensibilité de la sphère orale. Cela augmente le risque d’apparition de troubles du comportement alimentaire plus tard.
Le moment le plus opportun pour commencer à diversifier l’alimentation du nourrisson c’est donc la fenêtre d’opportunité de 4 à 6 mois.
DALIPO : Pouvez-vous nous donner 5 bonnes raisons de débuter la diversification alimentaire de bébéé dès ses 4 mois ?
Dr. LEMOINE : 1. Entre 4 et 6 mois, l’enfant est prêt pour la diversification alimentaire d’un point de vue psychomoteur
Il peut tenir sa tête seul, et il tient assis avec une aide dans sa chaise haute. D’ailleurs c’est souvent à partir de cet âge-là que les nourrissons regardent avec envie leurs parents manger à table.
2. Entre 4 et 6 mois, le développement de la mastication de bébé peut commencer.
La diversification contribue au développement de sa mastication, qui commence avec une déglutition facile pour les purées bien lisses entre 4 et 6 mois.
Entre 7 et 10 mois vient la mastication verticale avec des mouvements haut-bas pour les textures granuleuses.
Vers 10 mois, l’enfant acquiert une capacité de mastication intermédiaire, puis rotatoire lui permettant de mâcher des morceaux ondants comme de la banane par exemple.
Il est important de rappeler que les capacités de mastication ne sont pas liées à la dentition. D’un point de vue mastication, une diversification tardive de l’alimentation peut engendrer des troubles du comportement alimentaire de l’enfant.
3. 4 à 6 mois, une période importante pour la construction du répertoire alimentaire futur de l’enfant
On sait que plus le nombre de saveurs différentes proposées entre 4 et 6 mois est important, plus le répertoire alimentaire sera grand dans les années qui suivent. C’est pour ça qu’on recommande d’introduire le plus de nouveaux aliments possibles dès cette période de début de diversification.
4. 4 à 6 mois : la fenêtre d’opportunité pour la prévention des allergies alimentaires chez bébé
On sait désormais que l’introduction des allergènes majeurs comme l’arachide ou l’œuf permet de prévenir le développement d’une allergie alimentaire,
encore plus quand elle se fait dès 4 mois plutôt que après 6 mois ou encore plus tard.
L’intérêt de l’introduction précoce pour la prévention des allergies a été montré chez tous les nourrissons, et encore plus chez les enfants avec un risque plus important.
Le risque de développer une allergie alimentaire est plus important chez un enfant qui a ce qu’on appelle un « terrain atopique » : C’est-à-dire un asthme, une rhino conjonctivite allergique, une allergie alimentaire déjà diagnostiquée, ou encore un eczéma. Le risque est aussi plus important lorsque les parent ou un membre de la fratrie ont un terrain atopique.
Rassurez-vous, même si le risque d’allergie augmente quand on introduit les allergènes majeurs plus tardivement, il n’est jamais trop tard pour les introduire.
5. La diversification alimentaire entre 4 et 6 mois pour enrichir le microbiote intestinal de bébé !
La diversification alimentaire permet d’enrichir la composition du microbiote digestif. C’est-à-dire qu’elle permet d’augmenter le nombre et la diversité des bactéries dans la lumière intestinale.
On sait que l’exposition aux allergènes alimentaires et la maturation du microbiote permettent d’éduquer le système immunitaire du nourrisson. Les conséquences à long terme n’ont pas encore été déterminées chez l’homme, mais chez la souris, cette modification précoce du microbiote permet de prévenir l’apparition de maladies inflammatoires plus tard dans la vie.